HANDAMOS !, un emploi pour tous

18 novembre, 2020



Handamos !, un emploi pour tous

Burn out, dépression, troubles obsessionnels compulsifs, troubles anxieux…, d’après l’OMS, une personne sur quatre sera atteinte d’un trouble mental à un moment de son existence. Pourtant les troubles psychiques demeurent peu ou mal connus. Dans les entreprises, la stigmatisation des pathologies psychiatriques reste monnaie courante. Parfois même au détriment du bon fonctionnement de l’entreprise et surtout de l’état de santé des malades. Retour sur le tabou du handicap psychique au travail avec Laure Valentin et Bruno Deltreil, tous deux conseillers en emploi accompagné.


C.E.C :  Vous consacrez, tous les deux, beaucoup de votre temps pour une belle structure appelée Handamos !.  Bruno Deltreil, pouvez-vous nous dire de quoi il s’agit ?

Bruno Deltreil : Créée en 2019, Handamos !  est une plateforme collaborative, à l’initiative de 6 associations référencées dans le domaine du médico-social et du handicap. (1)  Notre association accompagne les personnes en situation de handicap mental, psychique ou porteuses de troubles du spectre de l'autisme et Trisomie 21, dans leur accession à l’emploi. Elle fait le lien entre les futurs salariés et les entreprises partenaires.

La création d’Handamos !  rentre dans le cadre de la loi travail EL KHOMRI relative au travail datant de 2016, ratifiant la volonté de l’Etat de favoriser l’emploi pour les personnes en situation de handicap. Ce projet est financé par l’ARS (Agence régionale de santé), l’AGEFIPH (Association de Gestion du Fonds pour l’Insertion des Personnes Handicapées), le FIPHFP (Fonds pour l’Insertion des Personnes Handicapées dans la Fonction Publique). Nos partenaires privilégiés sont la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées), Cap emploi et la DIRECCTE (Direction Régionales des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l’Emploi).


C.E.C : Nous vous laissons vous présenter, à tour de rôle…

Laure Valentin : Je suis Psychologue du Travail. Avant d’intégrer le dispositif Handamos ! en tant que conseillère emploi accompagné, j’ai travaillé dans le secteur de l’ESS sur la santé et la qualité de vie au travail. J’ai été sensibilisée à l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap. J’ai alors suivi une formation de Job coaching pour les personnes avec un trouble du spectre de l’autisme et j’ai intégré la plateforme Handamos ! en juillet 2019

B.D : Nous avons, c’est vrai, tous les deux, intégré le dispositif, avec un parcours différent. Moi-même, j’ai un parcours atypique, j’étais cuisinier puis éducateur spécialisé avant de devenir conseiller en emploi accompagné. Pour cela, nous avons été formés aux mêmes pratiques de travail sur les base de l’IPS (Individual Placement Support)


C.E.C : Justement, en quoi consiste le travail d’un conseiller en emploi accompagné ? 

B.D : Il faut savoir que les personnes en situation d’handicap sont deux fois plus touchées par le chômage. Notre objectif est de leur permettre d’accéder à l’emploi conformément à leurs exigences car il est plus compliqué, pour elles, d’atteindre cet objectif dans le parcours d’un recrutement classique.  

L.V : Notre mission est de répondre aux rêves des personnes que l’on accompagne. Elles viennent à notre rencontre avec une idée de métier ou de domaine dans lequel elles aimeraient travailler. Pour répondre au mieux à leurs attentes, nous listons leurs compétences en fonction des postes possibles et envisageons les modifications ou adaptations éventuelles.

Nous effectuons aussi de nombreuses démarches auprès des entreprises. Le but étant de les informer et de leur expliquer qu’il n’est pas toujours compliqué d’embaucher une personne en situation de handicap. Et surtout que nous sommes là pour les accompagner. Répondre aux rêves ne consiste pas uniquement à trouver un emploi. Il est possible de faire des stages pour s’immerger dans le domaine choisi. Une fois le travail trouvé, le but est de le maintenir. Nous les accompagnons sans limite dans le temps et autant que le besoin s’en fait ressentir.


C.E.C : Comment choisissez-vous les entreprises ?

L.V : Nous les contactons en fonction des projets des personnes que l’on accompagne ou suite à une visite spontanée pour leur faire connaître notre structure. Quand je rencontre les dirigeants, je fais attention au discours du responsable ou du futur tuteur. Il faut qu’ils soient ouverts à la thématique du handicap et sensibles à la cause pour qu’il soit possible de travailler avec eux et d’adapter les postes par rapport au compétences et aux exigences de la maladie.


C.E.C : Sur quel secteur géographique intervenez-vous ?


L.V : La Gironde est divisée en secteurs. Avec Laure, nous travaillons en binôme sur le secteur Haut de Garonne. Les autres secteurs sont répartis entre dix de nos confrères, eux aussi en binôme ou trinôme. Cela permet d’être concentré sur un petit groupe de personnes pour répondre au mieux à leur demande et à leurs spécificités. Sur toute le département Handamos ! accompagne environ 250 personnes. Nous sommes en charge approximativement de 25 personnes. L’objectif le plus important de toutes les démarches que nous effectuons pour eux est qu’il se sentent bien dans leur poste. Nous sommes dans une dynamique basée sur l’accompagnement au travail et sur la qualité de vie que cela leur apporte pour qu’ils se rétablissent et qu’ils aient une utilité dans notre société.


C.E.C : Et demain ? Quels seraient vos attentes auprès de votre Club?


B.D : Nous aimerions rencontrer les adhérents du Club pour les sensibiliser à notre démarche et les familiariser avec les emplois accompagnés. Nos bénéficiaires ne sont pas différents de nous, ils peuvent effectuer de nombreuses tâches et répondre à des consignes précises. Nous avons des profils très divers. Nous sommes ouverts à tout type de partenariat. En ce moment, plusieurs domaines sont appréciés par nos demandeurs d’emploi : les secteurs de la banque, des bureaux d’études d’aménagement des espaces publics et des résidences… Le secteur de la communication  et de l’informatique sont aussi beaucoup demandés. Nous tentons, en ce moment, de trouver un poste de community manager. Les métiers plus manuels sont toujours prisés bien évidemment. A ce propos, nous recherchons un poste de maraîchage espace vert 


 (1) - ARI (Association pour la réadaptation et l’Intégration)

  • ADAPEI 33 (Association Départementales de Parents et d’amis des personnes handicapées mentales)
  • APAJH (Association pour Adultes et Jeunes Handicapés)
  • Plateforme Territoriale d’inclusion Jean Ellien Jambon
  • UGECAM (Union pour la gestion des établissements de caisses d’assurance maladie)
  • Association Trisomie 21
Reportage :  Aïcha Chapelard et Maélys LABEUR

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